La robotique devient de plus en plus populaire dans les écoles. Elle est une façon pour l’enseignant de faire visualiser et expérimenter des concepts abstraits par les élèves. Elle se révèle aussi une source de motivation pour les garçons. Richard Lahaie, enseignant à la Commission scolaire de Charlevoix, en témoigne.
Lorsque les élèves de M. Lahaie, un groupe de première secondaire en adaptation scolaire, ont remporté la compétition régionale de robotique (Québec-Chaudière-Appalaches) en mai 2008, ils étaient en extase. « Depuis des années, ils font face à des échecs. À ce moment-là, ils venaient pourtant de remporter une compétition contre d’autres jeunes, dont plusieurs du régulier. Imaginez le bond dans leur estime d’eux-mêmes. »
M. Lahaie est catégorique : le projet de robotique qu’il a mis en place avec ses « garçons » a eu des effets bénéfiques sur eux : augmentation de la motivation, diminution des interventions disciplinaire, diminution du taux d’absentéisme chez les garçons, augmentation de la participation active dans les activités de la classe. « Ils vivent des réussites, cela n’a pas de prix. »
Et c’est sans compter la rétroaction avec les parents. « Enfin, ils reçoivent du positif de la part de l’école. Ils sont impressionnés de voir ce que leur enfant est capable d’accomplir. »
Intégrer la robotique
Faire de la robotique à l’école, ce n’est pas aussi compliqué qu’il n’y paraît. Il suffit de se procurer un équipement de base, d’acquérir quelques notions et de se lancer.
« Les élèves comprendront rapidement comment utiliser le matériel. L’enseignant n’a pas besoin de maîtriser tout l’environnement », indique Pierre Lachance, responsable du RÉCIT national de la mathématique, de la science et de la technologie (RÉCIT MST).
Depuis quelques années, M. Lachance offre de la formation et du soutien aux enseignants du Québec qui désirent intégrer la robotique dans leur enseignement des sciences et technologies. Selon lui, l’ensemble du curriculum peut être couvert par le biais de la robotique.
Au départ, il faut donc se procurer des ensembles de robotique Lego (RCX ou NXT) et des ordinateurs portables. Les ensembles valent environ 450$ chacun. L’enseignant prévoit généralement du matériel pour des équipes de deux élèves.
Pour cet achat, M. Lahaie a obtenu du financement de la Mesure 30054 en adaptation scolaire. La commission scolaire a complété.
Il a aussi acheté des ordinateurs de l’organisme Ordinateurs pour les écoles du Québec (OPEQ), qui vend des portables pour environ 75$. « Des ordinateurs munis de Windows 98SE sur lesquels on n’installera uniquement le logiciel de robotique suffisent amplement. Pour faciliter la réalisation du projet, ces ordinateurs seront réservés à l’usage exclusif de la robotique. »
Les élèves de M. Lahaie ont en plus fabriqué un plateau de missions sur lequel ils peuvent faire circuler leurs robots.
Mode d’emploi
Pour l’enseignant, la robotique représente « un moyen signifiant dans le développement de compétences reliées aux mathématiques, aux sciences et à la technologie ». Certaines notions très abstraites font soudainement du sens : diamètre d’une roue et distance parcourue, gain mécanique, centre de masse, intensité lumineuse, vitesse de rotation, gravité, etc. Elles sont mises en action, l’élève comprend à quoi elles servent.
« C’est probablement l’activité la plus concrète que les élèves peuvent réaliser à l’école. Ils programment leur robot à l’ordinateur et ils voient immédiatement le résultat. Ils savent tout de suite s’ils ont réussi ou s’ils doivent apporter des modifications. Ils s’engagent pleinement dans l’activité et tentent toujours d’aller plus loin », dit M. Lachance.
Afin de témoigner de son expérience de robotique et de faciliter la tâche à d’autres enseignants qui décideront de se lancer dans l’aventure, M. Lahaie dépose tous ces outils sur le site de son projet. On retrouve entre autres la structure des périodes en classe et le contenu des missions robotique qu’il a développées.
Le site Robot-TIC du RÉCIT MST propose également la description du matériel et des logiciels utilisés, des informations et ressources pédagogiques, des activités à réaliser en classe avec les élèves, des vidéos expliquant certaines manipulations, des procéduriers, etc.
Le projet Robotique pour la réussite scolaire a été présenté dans le cadre du 34e congrès de l’Association québécoise pour les troubles d’apprentissage (AQETA). La présentation est en ligne.